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DE HENRI III. [1^89] 407
bies de ceux qu'ils appelloient politiques ou huguenots. Le mardy premier jour d'août, un jeune religieux, prêtre de l'ordre de saint Dominique, natif du village de Sorbonne, à quatre lieuës de Sens, des pieça persuadé et résolu de faire ce qu'il exécuta, étant parti le lundy précédent à cet effet, et pour lequel les politiques avoient été le même jour enfermés, se fit conduire chez le Roy, où il eut entrée par le procureur général La Guesle. U étoit environ huit heures du matin, quand le Roy fut averti qu'un moine de Paris vouloit lui parler; et étoit sur sa chaise percée, ayant une robe de chambre sur ses épaules r lorsqu'il entendit que ses gardes faisoient difficulté de le laisser entrer : dont il se courrouça, et dit qu'on le fist entrer; et que si on le rebu-toit on diroit qu'il chassoit les moines, et ne les vouloit voir. Incontinent le jacobin entra, ayant un couteau tout nud dans sa manche; et ayant fait une profonde révérence au Roy, qui venoit de se lever, et n'avoit encor ses chausses attachées, lui présenta des lettres de la part du comte de Brienne, et lui dit qu'outre le contenu des lettres, il étoit chargé de dire en secret à Sa Majesté quelque chose d'importance. Lors le Roy commanda à ceux qui étoient près de lui de se retirer, et commença à lire la lettre que le moine lui avoit apportée, pour l'entendre après en secret; lequel moine voyant le Roy attentif à lire, tira de sa manche son couteau, et lui en donna droit dans le petit ventre, au-dessous du nombril, si avant qu'il laissa le couteau dans le trou; lequel le Roy ayant retiré à grande force, en donna un coup de la pointe sur le sourcil gauche du moine, et s'écria : a Ha, le méchant moine ! Il m'a «c tué, qu'on le tue! » Auquel cry étant vîtement accou-
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